Collaboration DAF DRH : éviter les 3 défauts majeurs de conception (FR)

L’accord d’intéressement dont j’ai tenté de traduire une partie de la formule ci-dessus, illustre bien les difficultés que vous pourriez rencontrer dans la phase de conception d’un nouveau projet de ce type.

Perdre de vue l’objectif stratégique et celui du dispositif en cours de route

L’intéressement de cette entreprise, confrontée à de forts enjeux de productivité et maîtrise des coûts, avait notamment pour but de renforcer la rétribution en fonction de la performance économique et opérationnelle, de mobiliser et motiver l’ensemble de ses collaborateurs à l’amélioration des performances opérationnelles et clients ainsi que la simplification du dispositif.

Avec, en phase de conception, d’autres choix de périmètre de calcul (ici la société), de périodicité de calcul (annuelle, mensuelle et trimestrielle), de critère de répartition (multiples avec salaire plancher), de type de formule, de technique de calcul (les tranches de résultat), les objectifs de motivation et de simplification auraient pu être bien mieux atteints, de mon point de vue. L’objectif de renforcer la rétribution est lui bien présent, dans certaines limites.

Défendre à la Maginot plutôt qu’attaquer

Les défenses financières exprimées dans la formule de calcul de cet accord sont multiples et me rappellent les forts de la Ligne Maginot de ma région natale :

  • Sur 4 critères de calcul principaux, en choisir deux pesant 90% basés sur le résultat
  • Utiliser 3 seuils de déclenchement pour 2 critères de résultat (les scores clé)
  • Déduire la participation de l’intéressement au résultat net
  • Plafonner le cumul de ces deux composantes à 4,5% des salaires
  • Plafonner l’intéressement au résultat d’exploitation à 200 millions d’euros
  • Diminuer le résultat de ces calculs du coût d’évolution de la loi ou des normes

Personnellement, je pense que chaque ligne de défense exprimée dans un contrat entre deux parties suscite plus la défiance que la confiance et constitue un frein à la motivation. A l’exception du seuil de déclenchement, je les déconseille.

Paradoxalement ou pas, l’accord ne désigne pas quels sont les objectifs de résultat, mais me semble très peu ambitieux en termes de positionnement des seuils de déclenchement économiques, non relevés de 2017 à 2019 (30 millions de résultat net et 2,5% de résultat d’exploitation / chiffre d’affaires), par rapport à la dimension mondiale de la société et aux performances de ses concurrents, trois à quatre fois supérieures en 2017. Ces éléments, combinés dans une formule de calcul additive, atténuent très fortement le caractère aléatoire du dispositif.

Une collaboration DAF – DRH efficace évitera que le message associé à l’intéressement soit : « Même si on se situe à des millions de miles de nos concurrents, vous méritez des primes d’intéressement dès que le résultat est positif mais, si on les rattrape trop vite, vos primes seront plafonnées. »

Nous préférerions qu’elle se traduise par : « Nous comptons sur tous les salariés pour s’engager dans la recherche de l’amélioration des performances de leurs unités de travail respectives. Nos objectifs seront ambitieux car nous avons une grande marge de progrès et vous serez récompensés selon leur réussite. »

Ne pas se mettre à la place du bénéficiaire

Les éléments les plus positifs et porteurs de simplicité de cet accord sont les deux composantes qualitatives : satisfaction clients et ponctualité. Malheureusement la périodicité trimestrielle de versement de ces primes :

  • Apporte plus de complexité,
  • N’est pas adaptée au faible niveau de la récompense (60 € chaque à l’objectif)
  • Se combine avec le sous-calcul d’un objectif mensuel rapportant 20 € par mois, non conforme à la législation sur l’intéressement et faisant courir le risque d’une requalification en salaires avec un surcoût de plusieurs dizaines de millions d’euros.

Si les critères de résultat retenus intéressent tout l’effectif sans en être assez proches, plusieurs dizaines de milliers de salariés influencent peu ou prou ceux d’ordre qualitatif.

Au total dans cet exemple, une soixantaine de chiffres, paramètres ou concepts très lointains de l’engagement quotidien des salariés sont nécessaires pour le calcul et la répartition de l’intéressement du salarié « S ». A quel moment peut-il répondre aux questions « combien je vais gagner », « combien les autres vont gagner » ou « à l’objectif quelle sera ma prime » ?

DAF ou DRH, les concepteurs d’un projet d’Intéressement devront tester la qualité de leur conception en se mettant à la place du salarié S, par exemple en écrivant mathématiquement la formule de calcul de sa prime pour vérifier si elle est réellement claire pour lui aussi. Dans le doute, choisissez de faire simple :

  • Une seule périodicité de calcul adaptée à la récompense
  • Un seul critère de répartition
  • Des objectifs désignés sur des critères proches des salariés

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