Pour mieux appréhender la diversité des rémunérations offertes par les employeurs de l’industrie pharmaceutique, CR&M a analysé la situation d’un échantillon contrasté de 50 sociétés rattachées à 25 laboratoires pharmaceutiques et dermo-cosmétiques réalisant plus de 100 M€ de chiffre d’affaires en 2017 : 10 sociétés de commerce de produits pharmaceutiques, 6 sociétés de recherche-développement, 22 sociétés de fabrication de préparations pharmaceutiques, 6 sièges à effectif large et 6 autres à effectif restreint. Au total, ces 50 sociétés, privés ou publiques, emploient 51 138 personnes (moyenne sur l’exercice) et réalisent 38 milliards d’euros de C.A., hors effet de consolidation intra-groupe.
Le principal indicateur de notre enquête est la rémunération totale brute annuelle moyenne enregistrée au titre de l’exercice 2017. Les données d’enquête permettent de calculer cet indicateur pour tous les salariés inclus dans le périmètre d’étude ainsi que par société.
Panorama général La moyenne générale des rémunérations des 51.138 personnes employées s’établit à 73 200 € bruts annuels ou 6 100 € / mois. La médiane des rémunérations moyennes par société représente 69 200 €, soit 5 766 € / mois pour une moyenne de 129 900 €, fortement influencée par les 534 k€ de valeur moyenne des 6 sièges à effectif restreint, : au sein de notre échantillon, 25 sociétés offrent des moyennes de rémunération supérieures à 69,2 k€, les 25 autres obtenant moins.
Notre analyse
Les moyennes de rémunération par société varient ici dans une échelle de 1 à 47 en prenant en compte tous les sièges, mais seulement de 1 à 4 en excluant les 3 sièges à effectif restreints les plus rémunérateurs. Ces chiffres sont à relativiser dans une industrie où l’échelle des salaires individuels varie à l’extrême de 1 à 500 en prenant en compte les bonus et la rémunération en actions de l’entreprise.
C’est sans surprise dans l’activité “Fabrication” que la moyenne de rémunération est la plus faible : les 30 320 salariés EQTP obtiennent en moyenne 60,5 k€ en 2017 alors que le salaire annuel brut moyen en France atteignait tout juste 38 k€ en 2016. Les valeurs moyennes et médianes par société s’établissent respectivement à 58,1 k€ et 50,1 k€ seulement : dans la moitié des 22 sociétés étudiées, la moyenne de rémunération s’établit entre 40 et 50 k€, avec des effectifs de 250 à 2 400 personnes selon le laboratoire. Dans cette activité, les 3 plus hautes moyennes de rémunération se situent entre 70 et 130 k€ : elles sont obtenues par des laboratoires globalisés, intégrant toutes leurs activités au sein de la même société.
Pour les 10 sociétés de commerce de produits pharmaceutiques, la moyenne générale de rémunération pour les 9 412 employés est de 81 k€. Dans la moitié des sociétés, la rémunération moyenne est supérieure à 84,4 k€ (médiane des valeurs par société) et varie dans une fourchette de 85 k€ (effectif société = 2 200 personnes) à 160 k€ (effectif < 50 personnes), de façon inversement proportionnelle à la taille de l’effectif.
En recherche-développement, la moyenne générale de rémunération des 6 092 employés EQTP se situe à 78,2 k€ : 3 sociétés offrent plus de 80 k€ jusqu’à 103 k€, parmi lesquelles une PME de 50 personnes. Dans la plus grande société, la moyenne de rémunération correspond à la médiane de notre échantillon.
Dans notre étude, la rubrique “Sièges” comprend les sociétés ayant pour activité le siège social, la holding ou le conseil et soutien. La moyenne de rémunération des 6 sociétés “à effectif large“, c’est à dire qui emploient une fraction significative du personnel du groupe pharmaceutique (plusieurs centaines ou milliers de salariés), correspond pratiquement à la médiane de 100 k€. Les écarts de rémunération sont cependant très marqués entre les trois sièges de laboratoire du sud, dont les moyennes sont comprises entre 50 et 70 k€, et les trois sièges de grands groupes industriels, se situant entre 130 et 150 k€. D’où une moyenne générale voisine de 118 k€ pour les 5 215 salariés employés par ces sièges.
Les sièges à effectif restreint n’emploient le plus souvent qu’une dizaine de personnes, essentiellement des membres des instances de direction. La moyenne générale de rémunération des 99 personnes concernées s’envole à plus de 500 k€, là aussi avec des écarts conséquents entre les moyennes pour les sièges de laboratoires moyens, de 120 k€ à 170 k€, et ceux de grands groupes, publics ou privés.
La nature du produit conditionne fortement la moyenne de rémunération des sociétés pharmaceutiques, bien plus faible en dermo-cosmétique qu’en médicament.
L’importance du chiffre d’affaires ou de la rentabilité n’est pas forcément déterminante sur la moyenne de rémunération d’une société.
La politique de rémunération de certains laboratoires comprend de multiples avantages sociaux, de nombreux jours de RTT (jusqu’à 23 jours / an) et de l’actionnariat salarié, ce qui peut compenser un manque de compétitivité des salaires, variables, primes d’intéressement et de participation par rapport à la médiane du secteur tout en aidant à la fidélisation des employés.
Les écarts de rémunération constatés dans cette étude s’expliquent partiellement dans certains cas par une performance économique supérieure qui a généré des primes de participation ou des variables majorés : en 2017, la participation moyenne s’élève à 5 155 € dans les 42 sociétés ayant calculé une Réserve Spéciale de Participation positive, contre une moyenne nationale de 1 369 € en 2016. Son poids dans la rémunération totale des bénéficiaires atteint en moyenne 5,7% mais varie fortement selon les activités et les entreprises :
- 9,2% en Fabrication, 5 des 22 sociétés obtenant de 10 à 30% ;
- 5,5% en Commerce avec un maximum à 12% dans une société ;
- 4,7% en Recherche-développement ;
- 3,4% et 1,2% respectivement dans les sièges à effectif large et restreint.
Conclusion
En 2017, l’industrie pharmaceutique, échantillonnée de façon contrastée par ces 50 sociétés, offre une moyenne de rémunération totale supérieure à celles des autres secteurs d’activité en France, mais dans les principales activités de cette industrie, fabrication, commerce ou recherche et développement, les moyennes de rémunération selon la société employeuse peuvent varier du simple au double, voire au triple.